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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/68

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L’ÉCRIN DU RUBIS

Je ne veux pas remonter aux origines du costume ni rechercher comment à ses fins utilitaires s’est peu à peu mêlé, puis substitué l’élément sensuel de la parure. Mais ce serait une piquante histoire à écrire que celle de l’évolution du vêtement féminin dans ses rapports avec la sensualité.

Ce n’est pas de ces cinquante dernières années où le souffle d’un art audacieux de la stylisation a fait lever autour de la Femme la plus luxuriante floraison de frivolités, que, sous la robe, chante pour l’homme la voix de la Sirène. L’antiquité la plus reculée a connu, elle aussi, les ajustements secrets de la Femme, qui ne procédaient pas du seul besoin de se couvrir, mais du sentiment de ce qu’apportent de stimulant au désir les enveloppements de voiles, la finesse et l’éclat de leurs tissus, la tache inattendue d’un détail piquant. Elle a pratiqué tous les artifices des corrections faites à la nature pour relever ses imperfections, accroître son attrait, appeler tous les sens aux félicités de la possession, étendre, en un mot, le champ de la volupté par les moyens d’un scintillant mirage qui, à la vision directe et totale d’un nu monotone et jamais sans défaut, substitue une évocation lointaine et partielle où s’en avive la valeur.

Avec les procédés des fards les plus savants pour styliser la beauté du visage, avec les bains parfumés et ces macérations prolongées du corps dans des essences aromatiques, comme on le rapporte d’Esther avant qu’elle