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L’ÉCRIN DU RUBIS

de m’en rendre complice. Dès qu’elle fut dans la place, elle s’y comporta de manière à ne me le point laisser ignorer. Elle avait conscience que le regard dont elle m’avait enveloppée sur le quai m’avait soumise à son désir et que je ne lui résisterais pas. Après maintes privautés attardées aux fanfreluches de ma parure sa main aspirant dans ses lentes caresses à travers la fine batiste toute la chaleur de mon corps, se porta sur l’ouverture de mon pantalon.

Un léger tremblement me fut la preuve de l’émoi que l’impudicité de cette fente libertine ajoutait pour mon inconnue au délire de son imagination. Elle en écarta les côtés, souleva le pan de dentelle qui volantait ma chemise et coula avec volupté ses doigts entre la double échancrure, Un frisson délicieux me parcourut de la tête aux pieds. Autour de nous tassés, suffocants, tenaillés d’un même désir dans le contact des corps, le froissement des jupes et la mêlée des effluves, les voyageurs nous faisaient un écran. D’ailleurs, tout entière par l’imagination encore plus que par les sens au libertinage auquel je me prêtais, je ne songeais point à la honte d’une surprise. Au fil des stations la voiture ne désemplissait pas et rassurée sur ce point, mes yeux dans le trouble de mon plaisir sous la pression doucement mouvante d’un corps contre le mien, ne percevaient que l’image dont j’eusse volontiers demandé la confidence à ma glace. Les piquants détails en tourbillonnaient devant moi : nos