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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/94

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L’ÉCRIN DU RUBIS

de formes. Que n’ai-je le crayon évocateur et lascif dont une Gerda Wegener, un Kitchener, un Hérouard, un Brunelleschi, un Georges Barbier, un Martin, un Léonec, un Vallée, un Fabiano, ont animé l’élégante sensualité des transparents dessous et l’affolante ivresse des cercles d’ombre d’une jupe ! Comment rendre sensible à la lecture la provocation irrésistible qui me venait de ce fourreau de batiste dont je me disais que ma mère s’était parée avec amour, après l’avoir avec une préméditation polissonne choisi de cette forme peut-être plus piquante dans sa coupe et plus diabolique dans son échancrure qui offrait à mon regard pâmé le sillon longitudinal dont mes lèvres avaient naguère savouré la fraîcheur sous la robe d’Alice.

Arrêtée dans une extase égale à la mienne, Albine, de sa main gauche restée libre, ouvrit d’une lente pression sur les bords la raie sombre et satinée, et, débusquant l’orifice mignon, inclina sur lui sa tête garçonnière.

À ce geste, ma mère n’eut pas un mot ; mais je vis sa croupe accuser sa saillie dans un mouvement d’offrande amoureuse ; une flamme aviva ses yeux qui s’immobilisèrent sur les reflets complaisants de son image. Avec précaution la canule avait franchi les stries de la porte étroite et pénétré peu à peu en un doux glissement jusqu’à la garde. Trois minutes qui me parurent encore plus lourdes de silence que les autres, épuisèrent le temps de la tiède irrigation, dont ma mère accueillit la première