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Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/323

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y prennent racine sans que leur sève absorbe ou détruise tout ce qui a droit de vivre sous le même soleil.

Ces pensées semblent avoir dominé les législateurs auxquels nous devons la nouvelle institution municipale. Aussi la loi de 1834 a-t-elle produit de grands résultats ; que ceux qui doutent, lèvent les yeux et regardent : Paris est un livre ouvert.

Le quartier de la Cité, avec sa population infime, qui, depuis tant de siècles, naissait, souffrait, mourait sans sortir d’une atmosphère putride, a senti dans son sein pénétrer l’air et la vie. Des rues étroites et fangeuses ont disparu, remplacées par deux larges voies publiques. D’autres parties de la capitale ont également senti l’heureuse influence d’une législation dont la force se renouvelle chaque jour.

Les quartiers Sainte-Avoie, des Lombards et des Marchés, renfermant un peuple d’ouvriers, d’artisans, demeuraient depuis longtemps étrangers à toute espèce d’amélioration tandis que le luxe, la richesse inondaient certaines parties de la ville qui n’offraient encore au commencement de notre siècle que des terrains en friche.

Cette inégalité choquante a provoqué la sollicitude de la nouvelle administration, qui sut improviser une communication facile entre ces quartiers et le grand centre d’approvisionnement de la capitale.

La rue de Rambuteau a été ouverte, et cette importante voie de circulation, qui rattache le Marais aux Halles et à la Bourse, est devenue la grande artère qui répand l’aisance et la prospérité autour d’elle.

Dans l’espace de dix années, d’autres travaux importants ont été exécutés : nous les mentionnerons après avoir constaté les sacrifices que la Ville s’est glorieusement imposés pour procurer aux voies publiques les améliorations que nécessitaient les besoins toujours croissants de la circulation.

De 1834 à 1843 inclus, la Ville a dépensé, pour les élargissements par mesure ordinaire de voirie, une somme de 
 5,322,094. 16
Dans la même période, les frais d’expropriations ou d’acquisitions à l’amiable, se sont élevés à 
 19,333,269. 38

Total général 
 24,655,363. 54

(De 1816 à 1830 inclus, les améliorations de la voie publique avaient occasionné une dépense de 10,241,588 fr. 33 c.)

Parmi les percements ou élargissements exécutés par expropriation, il convient de citer les rues Saint-André-des-Arts, de l’Arcade (prolongement), d’Arcole, des Bourguignons (prolongement), Jacques de Brosse, de Chabanois (prolongement), de Constantine, Croix-des-Petits-Champs, d’Erfurth, de la Harpe, Saint-Hippolyte, Jacob, de Lobau, de Mazagran, du Cloître-Saint-Merri, Neuve-Notre-Dame, Sainte-Opportune, Pavée-au-Marais (prolongement), des Prêtres-Saint-Séverin, de Rambuteau, du Renard-Saint-Merri, Tirechape, quai de Montebello, les trois rues ouvertes aux abords de la nouvelle prison de la Force, etc. Nous devons comprendre aussi les rues Guy-de-la-Brosse, Jussieu et les cinq voies publiques formées aux environs des greniers de réserve.

Après ces grands et utiles travaux, il convient de parler des voies publiques dont l’administration a favorisé l’ouverture en accordant aux propriétaires un concours bienveillant et éclairé.

Dans cette catégorie figurent les rues d’Antin (prolongement), de l’Aqueduc, Barbet de Jouy, des Bassins, de Berlin (prolongement), Boursault, Geoffroy-Marie, Greffulhe, Lavoisier, Mayet, de Milan, de Mulhouse, de Nemours, Newton, Pauquet de Villejust, Rumfort, de Trévise, etc.

Si l’on ajoute à cette nomenclature les travaux d’agrandissement de l’Hôtel-de-Ville, de construction de la nouvelle prison de la Force, ceux de pavage, de conduites d’eau, d’égouts, de nivellement et de plantation des quais, etc. ; alors on peut dire que la nouvelle administration a fait plus pour la salubrité, pour la splendeur de la capitale pendant les dix années qui viennent de s’écouler, que l’ancien pouvoir municipal dans l’espace d’un demi-siècle ordinaire de royauté.

2e Partie. — Constructions. — Documents administratifs.

La Hanse Parisienne occupait anciennement une maison située à la vallée de Misère, sur le bord de la Seine, à l’ouest du grand Châtelet. Le bâtiment était appelé Maison de la Marchandise. Dubreuil pense que les marchands tinrent plus tard leurs assemblées dans une propriété située entre le grand Châtelet et la chapelle Saint-Leufroy ; on appelait dès lors Parlouer aux Bourgeois (locutium civium), l’ancienne maison de la marchandise, qu’on transféra sous le même nom de Parlouer aux Bourgeois, près de l’enclos des Jacobins, entre la place Saint-Michel et la rue Saint-Jacques, apparemment vers l’endroit où la rue Saint-Hyacinthe aboutit à la place Saint-Michel. Mais cet emplacement ne répondant point à la dignité du premier corps de la ville, on résolut d’en choisir un plus convenable.

« À la place de Grève, dit Félibien, il y avoit autresfois une maison qui en portoit le nom, et que Philippe-Auguste acheta de Suger Clayon ou Cluyn, chanoine de Paris, vers 1212. L’abbé de Preuilly reconnut que le roy y avoit haute, moyenne et basse justice. Cette maison fut depuis appellée la Maison aux Piliers (domus ad piloria), parce qu’elle estoit portée pardevant sur une suite de gros piliers, etc… Philippe-de-Valois donna cette maison, en 1322, à Clémence de Hongrie, veuve et seconde femme de Louis-le-Hutin ; elle ne mourut qu’en 1328, et nonobstant le don que Philippe-de-Valois lui avoit fait de la Maison aux Piliers, il donna la mesme maison, en 1324, à Gui, dauphin de Viennois, et en renouvella le don à Humbert en 1355. Ce fut pour cela qu’on appella