Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/623

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Sœurs-Faubourg-Montmartre (cour des Deux-).

De la rue du Faubourg-Montmartre, no 44, à la rue Coquenard, no 7. Le dernier impair est 3 ; le dernier pair, 16. — 2e arrondissement, quartier du Faubourg-Montmartre.

Formée à la fin du siècle dernier, on la nomma successivement impasse des Chiens et Coypel. Elle doit sa dénomination actuelle aux deux sœurs Deveau.

Sœurs-Faubourg-Saint-Antoine (cour des Deux-).

Située dans la rue de Charonne, no 24. — 8e arrondissement, quartier du Faubourg-Saint-Antoine.

Cette cour fut bâtie en 1793. En 1800, les sœurs Lapille en firent l’acquisition et lui donnèrent le nom de cour des Deux-Sœurs.

Soleil-d’Or (passage du).

Commence à la rue de la Pépinière, no 10 ; finit à la rue Delaborde, no 1. — 1er arrondissement, quartier du Roule.

Ce passage, commencé en 1838, a été terminé en 1839. Il a pris sa dénomination d’un soleil doré placé à chaque porte.

Soly (rue).

Commence à la rue de la Jussienne, nos 5 et 7 ; finit à la rue des Vieux-Augustins, nos 32 et 34. Le dernier impair est 17 ; le dernier pair, 18. Sa longueur est de 78 m.3e arrondissement, quartier du Mail.

Cette rue, ouverte en 1548, doit son nom à sire Antoine Soly, échevin en 1549, sous la prévôté de maître Claude Guyot. — Une décision ministérielle du 20 fructidor an XI, signée Chaptal, fixa la largeur de cette voie publique à 6 m. Cette largeur a été portée à 8 m. en vertu d’une ordonnance royale du 23 juillet 1828. Propriétés du côté des numéros impairs, retranch. 1 m. 60 c. à 2 m. ; de 2 à 12, ret. 3 m. à 3 m. 60 c. ; 14, 16, ret. 2 m. ; 18, ret. 3 m. 50 c. — Conduite d’eau depuis la rue de la Jussienne jusqu’à la borne-fontaine. — Éclairage au gaz (compe Française).

Sorbonne (église).

La Sorbonne, qui joua un si grand rôle dans notre histoire, ne devait être, dans l’esprit de son fondateur, qu’un modeste asile offert aux écoliers dont la pauvreté était reconnue. — Robert dit de Sorbon, parce qu’il était né à Sorbon, village près de Rhétel, fut le fondateur de ce collége, auquel il donna son nom. Cette fondation eut lieu au mois de février 1250. On lit dans la vie de saint Louis, par le confesseur de la reine Marguerite : « Le Benoict roy fit acheter mesons qui sont en deux rues assises à Paris, devant le palés des Thermes, esquelles il fit faire mesons bonnes et grandes, pour ce que écoliers étudiants à Paris demorassent là à toujours. » La fondation de ce collége fut confirmée par lettres du Saint-Siège, données par Alexandre IV, en 1259. Le but du fondateur avait été de rétablir au sein de l’Université l’ancienne école du Parvis, et de rendre à cette institution théologique toute l’illustration qui l’entourait au temps d’Abailard. L’Université, qui jalousait l’influence monacale, laissa aux membres de la Sorbonne autant de liberté et d’indépendance que leur profession pouvait en comporter. Les sorbonistes étaient divisés en sociétaires, sodales, et en simples hôtes, hospites. Le premier titre appartenait aux licenciés : plus tard il fut réservé aux docteurs. Le nombre des professeurs de la Sorbonne s’est élevé jusqu’à sept. Celui des auditeurs n’est pas connu, on sait seulement qu’il y en avait des quatre nations. Cette maison portait le nom de Congrégation des pauvres maîtres de la Sorbonne. Les sorbonistes conservèrent cette humble dénomination, jusqu’au moment où ils cessèrent de former un corps. La première dignité de cette congrégation était celle de proviseur. Son autorité était réglée par la communauté. Le prieur était le second dignitaire. Chargé de la police de la maison, il présidait les assemblées. Les bacheliers concouraient à son élection. Le soin de conserver les règles de l’institution était confié à quatre docteurs choisis parmi les plus âgés, on les appelait seniores. Les procureurs, procuratores, s’occupaient de la dépense et de la recette de la maison dont ils rendaient compte aux seniores. Il y avait en outre un bibliothécaire et des professeurs. Parmi ces derniers, on distinguait les lecteurs qui se chargeaient d’expliquer les textes d’enseignement ; les conférenciers qui présidaient aux discussions entre les clercs ; enfin les docteurs qui enseignaient en chaire la science théologique. — Cette bonne administration et l’excellence des études furent les causes de l’influence de la Sorbonne. Souvent elle dominait le peuple, les rois et les papes. Malheureusement sa puissance ne tourna pas toujours au profit de la France. Des noms flétrissants furent même donnés plusieurs fois à la Sorbonne ; ainsi, sous le règne de Charles VI, on l’appelait Sorbonne bourguignonne. En 1407, les ducs d’Orléans et de Bourgogne se disputaient le gouvernement de la France. Jean-sans-Peur se débarrassa de son antagoniste, en le faisant assassiner. Un docteur de la Sorbonne, Jean Petit, osa se charger de l’apologie de ce crime. Une assemblée fut convoquée à cet effet, le 8 mars 1408, à l’hôtel Saint-Paul. Le roi, le dauphin, les princes du sang et les notables y assistaient. L’assassin Jean-sans-Peur comparut, appuyé sur le bras du docteur Jean Petit. Le sorboniste raconta en chaire, et divisa l’éloge de l’assassinat en douze parties. Après avoir lâchement outragé la mémoire du duc d’Orléans, il soutint que la mort du tyran était une action vertueuse, plus méritoire dans un chevalier que dans un écuyer, et beaucoup plus admirable encore dans un prince que dans un chevalier.