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Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/127

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la médecine et, si l’école de Montpellier ne fut pas créée par eux, ils aidèrent à son développement ; ils traduisirent les œuvres d’Averroès et des Arabes commentateurs d’Aristote ; ils révélèrent la philosophie grecque au monde chrétien et leurs métaphysiciens, Ibn Gabirol et Maïmonide furent parmi les maîtres des scolastiques[1]. Ils furent pendant des années les dépositaires du savoir ; ils tinrent, comme les initiés antiques, le flambeau qu’ils transmirent aux Occidentaux ; ils eurent, avec les Arabes, la part la plus active à la floraison et à l’épanouissement de cette admirable civilisation sémitique, qui surgit en Espagne et dans le Midi de la France, civilisation qui annonça et prépara la Renaissance. Qui les arrêta dans cette marche ? Eux-mêmes.

Pour préserver Israël des pernicieuses influences du dehors — pernicieuses, disait-on, pour l’intégrité de la foi — ses docteurs s’efforcèrent de l’astreindre à l’exclusive étude de la loi[2]. Des efforts en ce sens furent faits dès l’époque des Machabées, au moment où les hellénisants constituaient un grand parti en Palestine. Vaincus d’abord, ou du moins peu écoutés, ceux qu’on appela plus tard les obscurantistes continuèrent leur besogne. Quand, au douzième siècle, l’intolérance et le bigotisme juifs grandirent, quand l’exclusivisme s’accrut, la lutte entre partisans de la science profane et ses adversaires devint plus vive, elle s’exaspéra après la mort

  1. Voir S. Munk : Mélanges de philosophie juive et arabe.
  2. Ch. I.