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Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/200

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tienne et cela était aisé aux deux partis, chacun tirant de la Bible ce qui lui convenait. Les Talmudistes se servaient même du Nouveau Testament pour confirmer les dogmes judaïques. Ainsi fit Moïse Kohen de Tordesillas dans son Soutien de la Foi, tandis que Semtob ben Isaac Schaprut reprenait sous forme de dialogue entre un Unitarien et un Trinitarien les idées exposées par Jacob ben Ruben[1].

Au quinzième siècle, la littérature polémique prit un grand développement en Espagne. C’est que le moment était difficile pour les Juifs de la Péninsule. Pour les convertir, l’Église redoublait ses efforts ; les controverses, les pamphlets, les traités dogmatiques se multipliaient. Les Juifs résistaient au prosélytisme, ils ne se rendaient qu’à la dernière extrémité, et, plus tard, au moment de l’expulsion finale, le plus grand nombre préféra l’exil, sans espoir de retour, à la conversion. Pendant que les moines cherchaient dans le Pentateuque et dans les Prophètes des arguments pour soutenir les symboles chrétiens, les Juifs s’appliquaient à étaler les différences qui séparaient les deux croyances, et, pour raffermir la foi dans l’âme des hésitants, ils combattaient le catholicisme. Comme Hasdaï Crescas, ils étudiaient la théologie de leurs adversaires. Ainsi armé, Jacob ibn Schem Tob écrivit ses Objections

  1. Semtob ben Isaac Schaprut : La Pierre de touche (Loeb : loc. cit.).