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Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/214

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L'ANTISÉMITISME

tions pour les faire prévaloir. La seule œuvre de cette assemblée fut une œuvre administrative, celle de l’organisation des consistoires ; quant à l’œuvre morale elle fut nulle, et les hommes qui avaient été réunis étaient incapables de changer des mœurs. Ils le savaient d’ailleurs fort bien, et ils ne purent qu’enregistrer des choses acquises ; ainsi abolirent-ils la polygamie, qui depuis des siècles n’était plus pratiquée. Pour croire qu’un synode a le pouvoir d’imposer l’amour du prochain, ou d’interdire l’usure qu’un état social facilite, il fallait la candeur de légiste de Napoléon. L’interdiction impériale faite aux Juifs de fournir des remplaçants pour leur service militaire, cela dans le but de les mieux pénétrer de la grandeur de leurs devoirs civiques, dut avoir la même influence que les prescriptions synodales[1]. De même en fut-il du décret du 17 mars 1808 qui défendait aux Juifs de faire du commerce sans patente nominative délivrée par le préfet et de prendre hypothèque sans autorisation ; en outre, défense était faite aux Juifs de s’établir en Alsace et dans les pays rhénans, et aux Juifs alsaciens de venir dans d’autres départements sinon pour s’y adonner à l’agriculture[2]. Ces décrets, rendus pour dix ans, ne rendirent pas un seul Juif agriculteur, et si quelques-uns devinrent chauvins, l’obligation où ils étaient de passer par l’armée n’y fut pour rien. Ce furent les dernières lois restrictives

  1. Halphen : Recueil des lois et décrets.
  2. Halphen : loc. cit.