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Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/253

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intermédiaire, agioteur et improductif[1], il anima des hommes comme Toussenel[2] et Capefigue[3] ; il inspira des livres tels que Les Juifs rois de l’Europe et l’Histoire des grandes opérations financières, et plus tard, en Allemagne, les pamphlets d’Otto Glagau contre les banquiers et boursiers juifs[4]. J’ai déjà indiqué du reste les origines de cet antisémitisme économique, comment, d’une part, les capitalistes fonciers rendirent le Juif responsable de la prépondérance fâcheuse pour eux du capitalisme industriel et financier, comment, de l’autre, la bourgeoisie nantie de privilèges se retourna contre le Juif jadis son allié, désormais son concurrent, et son concurrent étranger, car c’est à sa qualité d’étranger, de non assimilé, que l’Israélite a dû l’excès d’animosité qui lui a été témoigné, et ainsi l’antisémitisme économique est lié à l’antisémitisme ethnologique et national.

Cette dernière forme de l’antisémitisme est moderne,

  1. On trouve dans Karl Marx, Annales franco-allemandes, 1844, p. 211, et dans Lassalle les mêmes appréciations sur le Juif parasite que dans Fourier et Proudhon.
  2. Toussenel : Les Juifs rois de l’Epoque (Paris, 1847). Toussenel corrobora ce livre par une violente campagne au journal La Démocratie pacifique. Du reste, sous la monarchie de Juillet, le mouvement antisémitique fut très violent et de nombreux pamphlets furent publiés contre les financiers juifs.
  3. Capefigue : Histoire des grandes opérations financières, Paris, 1855.
  4. Otto Glagau : Der Boersen und grundergsschwindel in Berlin, Leipzig, 1876. Les besoins de l’Empire et le nouveau Kulturkampf, Osnabruk, 1879.