Aller au contenu

Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tisme constant à combattre l’optimisme de la religion juive, optimisme que Schopenhauer trouvait bas et dégradant et auquel il opposait les conceptions religieuses grecques et hindoues.

Mais Schopenhauer et Marr ne représentent pas seuls l’antisémitisme philosophique. Toute la métaphysique allemande combattit l’esprit juif qu’elle considérait comme essentiellement différent de l’esprit germanique et qui figurait pour elle le passé en opposition avec les idées du présent. Tandis que l’Esprit se réalise dans l’histoire du monde, tandis qu’il marche, les Juifs restent à un stade inférieur. Telle est la pensée Hegelienne, celle de Hegel et celle aussi de ses disciples de l’extrême gauche, de Feuerbach, d’Arnold Ruge et de Bruno Bauer[1]. Max Stirner[2] a développé ces idées avec beaucoup de précision. Pour lui, l’histoire universelle a parcouru jusqu’ici deux âges. Le premier, représenté par l’antiquité, dans lequel nous avions à élaborer et à éliminer l’état d’âme nègre ; le deuxième, celui

    donc à ce point de vue la religion des Juifs comme la dernière parmi les doctrines religieuses des peuples civilisés, ce qui concorde parfaitement avec ce fait qu’elle est aussi la seule qui n’ait absolument aucune trace d’immortalité."(Parerga und Paralipomena, t. II, chap. XII, p. 312, Leipzig, 1874.)

  1. Nous reprendrons cela en détail dans notre Histoire économique des Juifs lorsque nous parlerons du rôle des Juifs en Allemagne au XIXe siècle. Voir là-dessus : Hegel, Philosophie du droit ; Arnold Ruge : Zwei Yahre in Paris ; Bruno Bauer : Die judenfrage ; L. Feuerbach : L’essence du christianisme.
  2. Max Stirner, Der Einzige und sein Eigenthum, Leipzig, 1882, p. 22, 25, 31, 69.