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Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/347

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versions latines faites de l’hébreu[1]" de connaître la pensée grecque.

Les Juifs ne se bornèrent pas là. Ils appuyèrent le matérialisme arabe qui ébranla si fortement la foi chrétienne et répandit l’incrédulité, à ce point qu’on affirma l’existence d’une société secrète ayant juré la destruction du christianisme[2]. Pendant ce treizième siècle, où s’élabora la Renaissance humaniste, sceptique et païenne, où les Hofenstaufen soutinrent la science aux dépens du dogme et encouragèrent l’épicuréisme, les Israélites furent au premier rang des exégètes, des rationalistes. À cette cour de l’Empereur Frédéric II, « centre d’indifférence religieuse », ils furent choyés, bien accueillis et écoutés. C’est eux, ainsi que l’a montré Renan[3], qui créèrent L’averroïsme, c’est eux qui firent la célébrité de cet Ibn-Roschd, cet Averroès dont l’influence fut si grande, et sans doute contribuèrent-ils à répandre les « blasphèmes » des impies arabes, blasphèmes qu’encourageait l’Empereur, amoureux de science et de philosophie, que les théologiens symbolisèrent par le blasphème des Trois Imposteurs : Moïse, Jésus et Mahomet, et que concrétisèrent ces paroles des Soufis arabes : « Qu’importe la caaba du Musulman, la synagogue du Juif ou le couvent du chrétien », et M. Darmesteter a eu raison d’écrire : « Le Juif a été

  1. Munk : loc. cit.
  2. Poème de la Descente de saint Paul aux Enfers, cité par Ernest Renan : Averroës et l’Averroïsme, p. 284.
  3. E. Renan : loc. cit.