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Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/410

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monie des éléments qui le composent, les Juifs sont des réfractaires, ils sont toujours la nation au cou raide contre laquelle le Législateur lançait ses anathèmes ; ils se rattachent à des formes sociales abolies et dont l’autonomie est depuis longtemps détruite. En une certaine mesure, ils sont une nation qui survit à sa nationalité, et depuis des siècles, ils résistent à la mort.

Pourquoi ? Parce que tout a contribué de maintenir leurs caractères de peuple ; parce qu’ils ont possédé une religion nationale qui eut sa parfaite raison d’être lorsqu’ils formaient un peuple, cessa d’être satisfaisante après la dispersion, mais les maintint à l’écart ; parce qu’ils ont fondé dans toute l’Europe des colonies jalouses de leurs prérogatives, attachées à leurs coutumes, à leurs rites, à leurs mœurs ; parce qu’ils ont vécu, durant des années, sous la domination d’un code théologique qui les a immobilisés ; parce que les lois des pays multiples où ils ont planté leur tente, les préjugés et les persécutions les empêchèrent de se mêler ; parce que, depuis le second exode, depuis leur départ de la terre palestinienne, ils ont élevé, et on a élevé autour d’eux d’infranchissables et rigides barrières. Tels qu’ils sont, on les a créés lentement et ils se sont créés, on a fait leur être intellectuel et moral, on s’est appliqué à les différencier et ils s’y sont appliqués de même. Ils craignirent la souillure et on craignit d’être souillé par eux ; leurs docteurs refusèrent de les laisser s’unir aux chrétiens et les légistes chrétiens