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Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/88

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Juifs comme leurs pires adversaires, ils devaient tout faire pour affaiblir leur propagande et leur prosélytisme. Les Pères suivirent d’ailleurs en cela une tradition séculaire ; sur ce point du combat on les trouve unanimes, et ils sont légion ceux qui, théologiens, historiens ou écrivains, pensent et écrivent sur les Juifs comme Chrysostome : Épiphane, Diodore de Tarse, Théodore de Mopsueste, Théodoret de Cyr, Cosmas Indicapleuste, Athanase le Sinaïte, Synésius, parmi les Grecs ; Hilaire de Poitiers, Prudentius, Paul Orose, Sulpice Sévère, Gennadius, Venantius Fortunatus, Isidore de Séville parmi les Latins.

Toutefois, après l’édit de Milan, l’antijudaïsme ne pouvait plus se borner à des disputes oratoires ou écrites, et il n’était plus question de querelle entre deux sectes également détestées ou méprisées. Avant sa conversion, Constantin, qui ne voulait pas d’abord accorder des privilèges aux seuls chrétiens, avait reconnu, par l’édit de tolérance, le droit pour chacun de pratiquer la religion qu’il avait acceptée. Les Juifs étaient ainsi mis sur le même pied que les chrétiens ; les pontifes païens, les prêtres de Jésus, les patriarches et docteurs d’Israël jouissaient des mêmes faveurs et étaient exemptés des charges municipales. Mais en 323, après la défaite et la mort de Licinius qui régnait en Orient, Constantin, vainqueur et maître de l’Empire, soutenu par tous les chrétiens de ses états, les traita en favorisés. Il en fit ses grands dignitaires, ses conseillers, ses généraux, et désormais l’Église disposa, pour asseoir sa domination, de la puissance