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Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/96

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l’impunité et d’autres avantages ; mais lorsque l’empereur eut reconquis ses provinces sur Kosru, il fit, à l’instigation des moines et du patriarche Modeste, massacrer ceux qu’il avait accueillis. Comme il avait fait serment aux Juifs de ne les point inquiéter, Modeste le délia de ce serment, et institua, par compensation sans doute, un jeûne que les Maronites et les Coptes observèrent longtemps.

Mais les Juifs de Judée n’étaient qu’une poignée et leur histoire en Palestine était close. Lorsque Julien l’Apostat, qui avait aboli les lois restrictives de Constantin et de Constance contre les Juifs, voulut reconstruire le temple de Jérusalem, les communautés israélites étrangères restèrent sourdes à l’appel impérial : elles s’étaient détachées de la cause nationale, du moins d’une façon immédiate. Pour tous les Juifs de ce temps, la reconstitution du royaume de Juda était liée à l’avènement du Messie et ils ne pouvaient l’espérer d’un philosophe couronné ; ils n’avaient qu’à attendre le roi du ciel qui leur était promis et ces sentiments persistèrent durant des siècles. Quand Gamaliel VI, le dernier patriarche, mourut, le fantôme de la royauté et de la nationalité juives, fantôme qui subsistait encore, disparut et il n’y eut plus pour Israël, qu’un chef de l’exil, l’Exilarque de Babylonie qui disparut au onzième siècle. D’ailleurs, les Juifs répandus dans le monde, constitués en puissantes et riches communautés, s’étaient créés de multiples patries d’intérêts, et ces intérêts les liaient au sol qu’ils occupaient. Ils ne les attachaient