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Page:LeMay - Fables canadiennes, 1882.djvu/16

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fables

Dit le laurier couvert de mille fleurs vermeilles —
 On t’a foulée aux pieds cent fois
 En venant cueillir mes guirlandes.
Ma tige est forte, à moi, mes fleurs sont toutes grandes
 Elles brillent de loin.
 Puis, pour demeurer sans reproche,
 J’ai la vertu dont j’ai besoin.
 Approche ;
— Mets-toi près de ma tige et peut-être on croira
 Que tu me dois la vie,
 Et quelque main ravie
 Alors te cueillera.

Merci, dit l’humble fleur, je suis bien disposée
 À rester où je suis :
Où Dieu nous a fait naître on n’a jamais d’ennuis.

Le rayon du soleil et la fraîche rosée
 Avaient entendu les discours
 De la plante tous les jours
Réchauffée avec soin, avec soin arrosée ;
 Ils la punirent aussitôt
 En ne descendant plus sur elle.
 Le laurier se flétrit bientôt ;
L’humble fleur à ses pieds demeura longtemps belle.