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Page:LeMay - Fables canadiennes, 1882.djvu/191

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189
livre troisième

 Avaient rêvé que sur la cime nue
 D’une montagne assez connue
 Se trouvait un trésor.
Un seul d’entre eux, pourtant, en deviendrait le maître :
 Celui-là qui, bien entendu,
 Y serait le premier rendu.

Trois rêves si pareils, il faut le reconnaître,
 Devaient venir d’en haut,
Et cela leur parut d’une grande évidence.
Chacun regretta bien alors sa confidence
 Et se promit de partir au plus tôt.

Il arriva qu’ainsi tous les trois dans la plaine
 S’élancèrent à la fois.
Ils coururent longtemps. Ils étaient hors d’haleine
 Quand ils arrivèrent tous trois
 Devant une large fissure.
Le premier fait un bond, sans calculer d’abord,
 Et sa jambe, peu sûre,
 Ne peut atteindre l’autre bord :
 Il tombe dans le vide ;
Le deuxième de peur s’arrête tout livide,
S’assied sur une pierre et longtemps reste là ;
 Le troisième, plus sage,