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Page:Le Ballet au XIXe siècle, 1921.djvu/53

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qu’une idée assez lointaine des travaux chorégraphiques exécutés dans l’intérieur du bâtiment, n’offre, en tous cas, plus aucun rapport avec la plupart des réalisations de nos actuelles Terpsichores.

Il ne faut pas trop se hâter de le regretter. Sans doute, on peut sourire des ambitions « démesurées » dans tous les sens du mot, que manifestent certaines prêtresses d’une saltation idéologique ou métaphysicienne, mais cette fièvre et cette agitation sont, malgré tout, fécondes. Il n’y a plus une technique de la danse : il y en a cent. Voilà de quoi faire le désespoir des puristes du jetté-battu et la consolation des spectateurs de bonne volonté. Car il n’y aura jamais trop d’expressions plastiques pour traduire l’infinie complexité d’un texte musical et tout danseur qui invente un heureux néologisme corporel devient un bienfaiteur de ces deux arts jumeaux. Apollon reconnaîtra les siens.

Pourquoi d’ailleurs n’y aurait-il qu’une technique valable de la danse ? De quel droit limiterait-on ainsi à une formule brevetée un art qui réclame impérieusement un vocabulaire étendu ? Évidemment, il faut bien partir d’une première éducation professionnelle à peu près semblable — et c’est à quoi ne songent pas assez certaines bacchantes ingénues trop promptes à remplacer l’indispensable préparation musculaire par une ardeur et une foi qui ne sont pas toujours communicatives. Mais lorsque le « métier » est solidement acquis, l’imagination créatrice peut intervenir de la façon la plus libre et la plus inattendue pour en faire oublier le prosaïsme.


Une des grandes erreurs de l’art chorégraphique fut toujours de s’en tenir trop servilement à une esthétique purement théorique et d’en appliquer aveuglément les canons à n’importe quelle apprentie-ballerine. On ne veut pas assez tenir compte de « l’équation personnelle » d’un corps féminin. On enseigne laborieusement à telle jeune femme, brève et potelée, les gestes et les attitudes d’une Zambelli qui a la sveltesse et la légèreté désincarnées d’une libellule : le résultat est lamentable alors que la même