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Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/187

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Malgré le hasard qui préside à la réception des candidats, les examinateurs ne cessent de se plaindre de leur insuffisance. À les entendre, la très immense majorité des élèves ne se composerait que de misérables crétins. Voici quelques extraits de doléances présentées devant la Commission.

Les juges du baccalauréat, les professeurs des Facultés de droit, ne cessent de se plaindre de l’ignorance surprenante des jeunes gens.

Un rapport récent, adopté à l’unanimité par la Faculté de droit de Grenoble, répond que ce qu’il faudrait apprendre aux étudiants en droit, c’est le français, le latin, l’histoire et la philosophie, que, pour la plupart d’entre eux, l’enseignement secondaire serait à refaire tout entier[1].

La majorité des candidats au baccalauréat possède peu de notions précises. Si l’on n’y mettait une complaisance parfois excessive, la plupart des jeunes gens ne recevraient pas leur diplôme de bachelier. Voilà la vérité sur cet examen encyclopédique[2].

Le baccalauréat sera toujours un détestable « psychomètre » : il prend la mesure non des esprits, mais des mémoires ; non de la force intellectuelle acquise, mais des connaissances emmagasinées. Il mesure des quantités plus qu’il n’est apte à apprécier les qualités[3].

Plus le baccalauréat se complique et se hérisse, plus les bacheliers sont médiocres, plus nous sommes obligés de leur verser à flots l’indulgence et la pitié[4].

Je ne suis pas bien sûr que ce ne soient pas les professeurs qui auraient besoin d’indulgence et de pitié, mais ils n’en méritent guère, puisqu’ils se montrent si incapables de comprendre à quel point la surcharge des programmes est absurde. Oui, sans

  1. Enquête, t. II, p. 124. Bernès, professeur au lycée Lakanal.
  2. Enquête, t. II, p. 625. Grandeau, représentant de la Société nationale d’encouragement à l’agriculture.
  3. Enquête, t. II, p. 540. Bertrand, ancien professeur à l’École Polytechnique.
  4. Le Baccalauréat et les études classiques, in-18, par Gebhart, professeur à la Sorbonne.