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Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/259

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chose en un mot, ne présente au point de vue philosophique qu’une valeur relative, cette valeur relative devient très absolue pour un peuple donné, à un moment donné, et doit être rigoureusement respectée. Une société ne peut durer que lorsqu’elle possède des règles communes et surtout un idéal commun, capable de créer des coutumes morales admises par tous ses membres.

Peu importe la valeur théorique de cet idéal et de la morale qui en dérive, peu importe qu’il soit constitué par le culte de la patrie, la gloire du Christ, la grandeur d’Allah, ou par toute autre conception du même ordre. L’acquisition d’un idéal quelconque a toujours suffi pour donner à un peuple des sentiments communs, des intérêts communs et l’élever de la barbarie à la civilisation.

C’est sur cet héritage de traditions, d’idéal, ou, si l’on veut, de préjugés communs, que se fonde la discipline intérieure, mère de toutes les habitudes morales, qui dispense de subir la loi d’un maître. Mieux vaut encore obéir aux morts qu’aux vivants. Les peuples qui ne veulent plus supporter la loi des premiers sont condamnés à subir la tyrannie des derniers. Reliés aux êtres qui nous précèdent, nous faisons tous partie de cette chaîne ininterrompue qui constitue une race. Un peuple ne sort de la barbarie que lorsqu’il a un idéal à défendre. Dès qu’il l’a perdu, il ne forme plus qu’une poussière d’individus sans cohésion, et retourne bientôt à la barbarie.

La grande difficulté de l’enseignement de l’éthique, chez les peuples catholiques, c’est que pendant de longs siècles leur morale n’a eu d’autres fondements que des prescriptions religieuses aujourd’hui