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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/219

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AU PAYS DES PARDONS

ne laisse pas d’avoir aussi son charme. J’en ai recueilli les principaux épisodes dans le pays même où le saint passa la plus grande partie de sa vie. On y trouvera précisées quelques-unes des circonstances extraordinaires auxquelles M. Renan s’est contenté de faire allusion.

Ronan eut pour patrie d’origine l’Hibernie[1], berceau traditionnel de la plupart des thaumaturges celtiques. Je demandais un jour à une vieille femme de Bégard :

« — Où donc la situez-vous, cette Hibernie dont le nom revient si fréquemment sur vos lèvres ? »

« — J’ai ouï dire, » me répondit-elle, « que c’était un lambeau détaché du paradis. Dieu en fit une terre abrupte et solitaire qu’il ancra, avec des câbles de diamant, dans des régions de la mer inconnues des navigateurs. Dès qu’elle eût touché les eaux, celles-ci perdirent toute amertume, et, dans un rayon de sept lieues à la ronde, devinrent douces à boire comme du lait. L’île était dérobée à tous les yeux par un brouillard

  1. L’Irlande