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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/282

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LA TROMÉNIE DE SAINT RONAN


V


Jadis, c’est A coup de poings et de penn-baz qu’on se disputait l’honneur de porter les grandes bannières à la procession de saint Ronan. Heureuse la paroisse dont les champions triomphaient Elle était assurée pour sept ans d’une prospérité sans égale. Pendant sept ans, il ne naissait chez elle que des garçons, des « gagneurs de pain », solides et bien venus ; les poutres des greniers rompaient sous le poids des récoltes ; les barques rentraient, le soir, avec des pêches miraculeuses, et les âmes, comme en un paradis terrestre, fleurissaient exemptes de souci. Aussi la lutte pour les bannières dégénéra-t-elle plus d’une fois en combat sanglant. Il y eut des poitrines enfoncées, des crânes fendus. Le clergé jugea nécessaire de faire intervenir la force publique. Mais la présence de la maréchaussée, loin d’en imposer à la population, l’exaspéra. Chacun y vit une atteinte aux libertés locales, bien plus,