Aller au contenu

Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
31
SAINT-YVES, LE PARDON DES PAUVRES


Il est resté fidèle, en effet, à la tradition ancienne. Les « Primitifs » bretons lui ont légué leur secret avec leur âme, et il reproduit avec une sincérité surprenante leur « faire » inhabile et si expressif. Cela est d’un art simpliste, presque grossier, et où cependant se manifestent à la fois un symbolisme d’une qualité rare et un sentiment très précis de la réalité.

« — Quand et comment vous est-elle venue, Mabik, l’idée de vous faire peintureur de saints ? »

« — Hé ! sait-on pourquoi les étoiles se lèvent, lorsque descend la nuit ?… J’ai toujours aimé les belles choses des églises, — des vieilles églises d’autrefois, lesquelles étaient pleines de merveilles qu’on ne verra plus… Tout enfant, en cheminant comme ça de quartier en quartier, pour exercer mon métier de ramoneur, il m’arrivait souvent de coucher dans des sanctuaires abandonnés des fabriques et dont on ne songeait même plus à fermer la porte. Je restais longtemps sans dormir ou bien je me réveillais sans cesse, et je croyais entendre, dans l’ombre, les pauvres saints pleurer. Ils me disaient : « Mabik, nous