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Page:Le Bulletin communiste, janvier à juin 1922.djvu/301

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du front unique impose au Parti une liberté complète de manœuvre, de la souplesse et de la décision. Et cela n’est possible que si le Parti proclame toujours clairement et nettement, tout ce qu’il veut, le but auquel il tend, et s’il commente ouvertement devant la masse ses propres actions et propositions.

34o Il est donc tout à fait inadmissible que certains membres du Parti publient à leur propre compte des organes politiques, dans lesquels ils opposent leur mots d’ordre et leurs méthodes aux thèses, aux méthodes d’action et aux propositions du Parti.

Ces membres répandent chaque jour sous l’égide du Parti Communiste, dans le milieu où ce Parti fait autorité, c’est-à-dire dans notre propre milieu, des idées qui nous sont hostiles ; ou bien encore ils sèment la confusion si le scepticisme, plus malfaisant que l’idéologie nettement hostile. Les organes qui font cette besogne, ainsi que leurs éditeurs, doivent être mis une fois pour toutes hors du Parti, et dénoncés à toute la France ouvrière afin que celle-ci condamne sévèrement les contrebandiers petits-bourgeois opérant sous le drapeau communiste.

35o Il est également inadmissible que paraissent dans les organes dirigeants du Parti à côté d’articles défendant les thèses fondamentales du communisme, des articles qui discutent ces mêmes thèses ou les nient. Il est tout à fait inadmissible et même monstrueux que se prolongent dans le parti un régime de presse qui donne à la masse des lecteurs ouvriers, en guise d’articles de fond, dans les organes soumis à une direction communiste, des articles par lesquels on essaie de nous faire revenir aux positions du pacifisme le plus lamentable et qui prêchent aux ouvriers en présence de la violence triomphante de la bourgeoisie la haine émolliente toute de violence. Sous le prétexte d’antimilitarisme, on lutte contre les idées de révolution et d’insurrection. Si après l’expérience de la guerre et des événements qui l’ont suivie surtout en Russie et en Allemagne, subsistent encore, dans le Parti Communiste, les préjugés du pacifisme humanitaire et si le Comité Directeur croit utile, en vue de la liquidation définitive de ces préjugés, d’ouvrir une discussion à ce sujet, il n’est pourtant pas possible que les pacifistes puissent dans cette discussion apparaître avec leurs préjugés comme une tendance admise ; ils doivent être au contraire sévèrement blâmés par la voix autorisée du Parti dans la personne du Comité Directeur.

Lorsque le Comité Directeur jugera la discussion épuisée, les tentatives de propagation des idées émollientes du tolstoïsme ou de toutes autres formes de pacifisme devront entraîner l’exclusion du Parti.

36o On peut dire, il est vrai, que tant que l’épuration du parti des préjugés du passé et sa consolidation intérieure ne seront pas achevées il sera dangereux de placer le parti dans des situations où il devrait entrer en combat avec les réformistes et les social-patriotes. Une semblable affirmation serait erronée. On ne peut nier en vérité le fait que le passage d’un travail de simple propagande à la participation directe au mouvement des masses ne cache en soi de nouvelles difficultés et, partant, de nouveaux dangers pour la Parti Communiste. Mais il serait tout à fait erroné de croire que le parti pût se préparer à toutes les épreuves sans cette participation directe à la lutte et sans entrer en contact avec les ennemis. Au contraire, ce n’est que par cette voie qu’un vrai nettoyage intérieur et une véritable consolidation du parti pourront être atteints. Il se peut très bien que certains éléments de la bureaucratie du parti ou des syndicats se sentent plus près des réformistes, dont ils se sont séparés accidentellement, que de nous. La perte de tels compagnons de route ne sera pas une mal mais sera, au contraire, compensée au centuple par l’affluence dans le parti des ouvriers et des ouvrières, qui suivent encore les réformistes. Le résultat n’en sera qu’une homogénéité plus grande du parti qui deviendra plus énergique et plus prolétarien.


VI. ― Les tâches du Parti dans le mouvement syndical

37o Beaucoup plus importante que toutes les autres tâches du parti Communiste, nous apparaît celle de faire la plus grande lumière dans la question syndicale. Sans doute, il nous appartient de détruire absolument et de démasquer la légende répandue par les réformistes sur les prétendues desseins d’assujettir les syndicats du parti. Les syndicats accueillent les ouvriers de toutes nuances politiques, sans parti, libre-penseurs, croyants, etc., tandis que le parti réunit ceux qui ont un même credo politique basé sur un programme déterminé. Le parti n’a et ne peut avoir, aucun moyen de soumettre du dehors les syndicats.

Le parti ne peut organiser son influence sur la vie des syndicats que dans la mesure où ses membres travaillent dans ces syndicats et y font admettre le point de vue du parti. Leur influence sur les syndicats dépend naturellement de leur nombre ainsi que de leur façon d’appliquer dans une juste mesure, d’une manière conséquente et appropriée, les principes du parti aux besoins particuliers du mouvement syndical. Le parti a le droit et le devoir de se proposer pour but d’atteindre dans cette voie une influence décisive dans les organisations syndicales. Il y arrivera lorsque le travail des communistes dans les syndicats sera complètement et en tout conforme aux principes du parti et se fera sous son contrôle permanent.

38o Il est partout nécessaire que la conscience de tous les communistes soit définitivement débarrassée des préjugés réformistes, qui ne voient dans le parti qu’une organisation politique parlementaire du prolétariat. Le Parti Communiste est l’organisation de l’avant-garde prolétarienne pour la direction du mouvement ouvrier dans tous ses domaines et de première ligne, dans le domaine syndical. Si les syndicats ne sont pas sous la dépendance du parti, mais sont des organisations complètement autonomes, les syndiqués communiste de leur côté ne peuvent prétendre à aucune autonomie dans leur activité syndicale et ne doivent faire que défendre le programme et la tactique de leur parti. On doit condamner sévèrement la conduite de certains communistes qui non seulement ne luttent pas dans les syndicats pour l’influence du parti, mais qui s’opposent à une action dans ce sens au nom d’une fausse interprétation de l’autonomie syndicale. Par cette attitude ils ne font que faciliter à des individus, des groupes et des coteries sans programme déterminé et sans organisation du parti et qui utilisent la confusion des groupements idéologiques et des relations, l’acquisition d’une influence décisive dans les syndicats dont ces éléments conquièrent l’organisation afin de soustraire leur coterie au contrôle efficace de l’avant-garde ouvrière.