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Page:Le Koran (traduction de Kazimirski).djvu/184

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184 LE KORAN.  
    Donne-lui une hospitalité généreuse ; il peut nous être utile un jour, ou bien nous l’adopterons pour notre fils. C’est ainsi que nous avons établi Joseph dans ce pays-là ; nous lui apprîmes l’interprétation des événements. Dieu est puissant dans ses œuvres ; mais la plupart des hommes ne le savent pas.
  1. Lorsque Joseph parvint à l’âge de puberté, nous lui donnâmes la sagesse et la science : c’est ainsi que nous récompensons ceux qui font le bien.
  2. La femme dans la maison de laquelle il se trouvait conçut de la passion pour lui ; elle ferma toutes les portes de l’appartement[1], et lui dit : Viens ici. — Dieu m’en préserve ! répondit Joseph. Mon maître m’a donné une généreuse hospitalité. Les méchants ne prospèrent pas.
  3. Mais elle le sollicita, et il eut la même intention, mais il reçut un avertissement de son Seigneur. Nous le lui avons donné pour le détourner du mal, d’une turpitude, car il était de nos serviteurs sincères.
  4. Alors tous les deux s’élancèrent vers la porte, lui pour fuir, elle pour le retenir, et la femme déchira la tunique de Joseph par derrière. Tous deux rencontrent à la porte son maître à elle (son mari). Que mérite, dit la femme, celui qui a conçu des intentions coupables à l’égard de ta femme, sinon la prison ou une punition terrible ?
  5. — C’est elle, dit Joseph, qui m’a sollicité au mal. Un parent de la femme témoigna alors contre elle, en disant : Si la tunique est déchirée par devant, c’est la femme qui dit la vérité, et c’est Joseph qui est menteur.
  6. Mais, si elle est déchirée par derrière, c’est la femme qui a menti, et c’est Joseph qui dit la vérité.
  7. Le mari examina la tunique, et vit qu’elle était déchirée par derrière. — Voilà de vos fourberies ! dit le mari, et certes grandes sont vos fourberies !
  8. O Joseph, ne te préoccupe plus de cette affaire[2] ; et toi, femme ! demande pardon de ta faute, car tu as péché.
  9. Les femmes de la ville se racontaient l’aventure, en disant : La femme de l’Aziz[3] a eu des vues sur son jeune homme, qui l’a

  1. Les commentateurs ajoutent : il y en avait sept.
  2. Mot a mot : tourne le dos à cette affaire, laisse cela là.
  3. Aziz veut dire en arabe puissant, et aussi cher. Dans le premier sens, ce mot s’applique à Dieu. Il est employé exceptionnellement ici pour l’intendant de trésor en Égypte, et ce titre s’est conservé longtemps chez les Orientaux comme particulier aux gouverneurs de l’Égypte et aux lieutenants des califes dans ce pays.