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Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/111

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COCOLER, v. a. — Chérir, caresser, blandir. Dans les premiers temps du mariage le mari et la femme ne font que se cocoler. Puis ils se cocolent moins, puis ils ne se cocolent plus du tout. — Fréquentatif de coquer.

COCOTE, s. f. — Conjonctivite, maladie des yeux qui rend la conjonctive rouge. — De ce que la poule (cocote) a la conjonctive de couleur vive et orangée.

COCU, s. m. — Primula officinalis. Espèce de primevère, ainsi nommée de sa belle couleur de ménage. Étant petit gone, un jour de printemps, la famille était allée faire une promenade dans les Fons, vallon qui menait de chez nous à Francheville par de belles prairies. Voilà que, par un coup, au détour d’un sentier, nous nous trouvons dans un grand pré, rempli de primevères, et nous nous croisons avec une dizaine de messieurs respectables, décorés, qui revenaient d’une descente de lieux. Ô p’pa, que je fis dans mon admiration des fleurs, avisez donc que de cocus ! Il y eut deux ou trois de ces messieurs qui me lancèrent un regard à couper un clou.

CŒUR. — Si le cœur vous n’en dit. Bousinet, au père Pouillasson qui porte une balle de pêches : Vous avez ben là de jolis ambounis de Vénus ?Le Père Pouillasson, avançant sa corbeille : Si le cœur vous n’en dit ?

Avoir le cœur sur les lèvres, Avoir envie de rendre son royaume.

COFFE, s. m. — Cosse des pois. — De cupha, coiffe.

COFFRE, s. m. — Poitrine. Figurément, constitution physique, tempérament. Avoir un bon coffre. — De même l’angl. chest, l’allem. kiste, coffre, servent aussi à dire poitrine. En latin vulgaire arca avait la même signification.

COGNÉ, ÉE, adj. — Nous sons venus ce matin par la voiture de Meyzieu. La voiture tient dix places. J’étions quinze, dont six femmes enceintes et quatre nourrices. J’étions cognés comme de z’anchois dans le caquillon. — Malgré l’élégance de cette phrase, cogné, en ce sens, n’est pas français, selon les grammairiens. Moi je trouve que c’est une jolie métaphore.

COGNE-MOU, s. m. — C’est le contraire d’un cogne-dur.

COGNE-V… (parlant par respect). — C’est, en beaucoup plus énergique, le cogne-fétu français. En effet, qu’est-ce qu’un cogne-fétu ? Un homme qui s’occupe de vétilles. Mais combien n’est-il pas encore plus vain et plus misérable de se consumer en efforts pour cogner un gaz traitre et subtil que pour cogner le plus chétif brin de paille, aurait dit Bossuet dans son sublime langage ! — C’est une question fort importante, souvent agitée par les jurisconsultes, mais qui n’a pas encore été tranchée par la Cour de cassation, que celle de savoir si cogne-v… constitue une injure ou une diffamation.

COGNON, s. m. — Chose cognée, pressée, ramassée. Glaé, me fais don pas de chemises si longues : ça fait de gros cognons à la fourche dans mes culottes.

En cognon, État d’une chose cognée. Un mari à sa femme : Te sors comme ça avè ta capote tout en cognon ?

COIFFAGE, s. m. — Gros linteaux de pierre de taille recouvrant le rez-de-chaussée de nos façades. Ainsi dénommés de ce que ces linteaux « coiffent » la baie.

COIFFE. — Coiffe du ventre. Vous avez bien vu des veaux pendus à la porte des bouchers, le ventre ouvert, et, relevée en dehors de celui-ci, une membrane graisseuse, qui ressemble à une sorte de tissu : c’est la coiffe. Et si vous avez à porter de gros fardeaux, prenez bien garde à ne pas vous faire peter la coiffe du ventre. C’est très mauvais.

COIRE. Voyez couare.

COITE. — À la coite. 1. En toute hâte. Vieux franc. à coite d’éperons, « à rapidité d’éperons ». — De coctare, faire cuire, qui, dans la basse latinité, avait pris le sens de se hâter. À la coite, c’est-à-dire comme si l’on brûlait. On dit élégamment dans ce sens : Se dépêcher comme si l’on avait le feu… quelque part.

2. À l’abri. Se mettre à la coite. — De quietus.

COIVETTE, s. f. — Balayette. Tout le monde à Lyon sait une célèbre histoire de canut où figure « le manche de la coivette ».