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LE MÉNESTREL

Concerts du dimanche après midi, commençant en octobre. Les principales sociétés musicales de la métropole ont rapidement opéré le changement de diapason, et une à une les associations de moindre importance suivront leur exemple. Nous sommes près d’atteindre le but dans cette question du diapason, et il est probable que d’ici à un an les sociétés qui n’auront pas le diapason normal international seront rares en Angleterre. »

— C’est les 6, 7, 8 et 9 octobre, sous le patronage de la reine d’Angleterre, qu’aura lieu, le fameux festival musical de Norwich, dont la direction reste confiée à M. Alberto Randegger. Les œuvres qui seront exécutées à ce festival sont les suivantes : Jephté, oratorio de Hændel ; Élie, oratorio de Mendelssohn ; la Rose de Saron, de M. Mackenzie ; Fridolin, cantate de M. Randegger ; la Rédemption, oratorio de Gounod ; ouverture de Léonore, de Beethoven ; le troisième acte de Lohengrin, de Richard Wagner ; enfin, Héro et Léandre, scène lyrique inédite de M. Luigi Mancinelli.

— Celle-ci nous arrive d’Amérique, c’est tout dire. Un journal de ce pays nous apprend qu’à Sioux-City on vient d’organiser un corps de musique… cyclistique, dont les membres sont tous familiers avec la bécane. Ce corps comprend 12 premiers violons et 6 seconds violons, en neuf tandems ; 4 violoncelles et 4 contrebasses en automobiles (pour les contrebasses surtout, le cycle serait gênant) ; une grande flûte en bicyclette ; une petite flûte en monocycle ; 2 clarinettes et un hautbois en triplette ; et ainsi de suite.

PARIS ET DÉPARTEMENTS

L’acte de Sigurd qu’on va servir, lors du gala, à l’empereur de Russie, sera, annonce-t-on très sérieusement, élagué de presque toute sa musique. Ce qu’on a tenu à conserver avant tout, c’est la succession des admirables décors qu’il comporte. C’est cela surtout, paraît-il, qui doit frapper l’imagination du Tsar. On aurait pu alors le conduire tout aussi bien aux Sept Châteaux du diable qu’on donne au Châtelet. C’est là qu’il y en a, des décors et des trucs merveilleux ! Nous avons vu des enfants qui en ont rêvé pendant huit jours.

— Quant à la Korrigane, qui doit terminer le spectacle, elle sera dansée à partir du moment où l’on « sabote » et, après quelques minutes de cet aimable divertissement, on éteindra les quinquets. Comme disait une spirituelle danseuse du corps de ballet que l’Europe nous envie : « Ce n’est pas avec cela que le Tsar attrapera une méningite ! »

— Quoi qu’il en soit, on a commencé l’aménagement de la salle pour le gala. Toutes les cloisons des loges comprises entre les colonnes de droite et de gauche, c’est-à-dire le rang complet de face, vont être enlevées. La loge impériale officielle s’élèvera seule fermée et les deux côtés droit et gauche ne formeront chacun qu’une loge. Une rampe électrique d’appareils supplémentaires sera installée pour augmenter le luminaire.

— Nous avons donné dimanche dernier le programme du gala de l’Opéra en l’honneur du Tsar. Ajoutons qu’il y aura en plus, pendant les entr’actes, un orchestre au foyer du public sous la direction de M. Marty. Au programme : une marche de GOunod, la marche sainte d’Hérodiade de Massenet, les danses de Xavière de Théodore Dubois et la Danse persane de Guiraud.

— Coquelin a déjeuné à Rambouillet chez M. Félix Faure, comme autrefois Molière chez Louis xiv, — toutes proportions gardées de part et d’autre. De ce petit raout culinaire, il est sorti un projet de soirée littéraire à Versailles, toujours en l’honneur du Tsar. Trois artistes seulement au programme, mais quels artistes ! Sarah Bernhardt, Réjane et Coquelin. Il faudra hausser les portes du palais.

— Puis ensuite, le petit programme littéraire de Versailles s’est corsé d’une partie musicale et chorégraphique, et il a été arrêté comme suit en son entier :

Poésie de M. José-Maria de Hérédia et Sur trois marches de marbres rose, d’Alfred de Musset, par Mme Sarah Bernhardt.

Lolotte, comédie en un acte, de MM. Henri Meilhac et Ludovic Halévy, jouée par Mme Réjane, Mlle Avril et M. Henri Mayer.

Scènes du Mariage forcé, par MM. Coquelin aîné et Jean Coquelin.

Chansons d’aïeule, par Mme Amel, de la Comédie-Française.

Élégie, de Massenet, exécutée sur le violoncelle par M. Jules Delsart et ses élèves.

Air de Joconde (Nicolo), chanté par M. Fugère, de l’Opéra-Comique.

Air de Samson et Dalila (C. Saint-Saëns), chanté par Mlle Delna de l’Opéra-Comique.

Air des Saisons (Haydn), chanté par M. Delmas, de l’Opéra.

danses anciennes

Danses Louis xv :

Mmes Mauri, Subra, Hirsch, Robin.

Danses Louis xiv :

Mmes Salle, Gallay, Régnier ii, Rat.

Joart, Mestais, Beauvais, P. Régnier.

Danses Louis xiii :

Mmes Van Goethen, de Mérode, Piodi, Carré,

Boos, Vandoni, Charrier, Mante.

Tous ces morceaux seront chantés et joués à l’orchestre, qui sera l’orchestre des concerts de l’Opéra, sous la direction de M. Paul Vidal. Cette petite fête artistique sera donnée dans le salon d’Hercule, au palais de Versailles.

— Souvenir de Nicolat du Gaulois : « On connaît maintenant le programme du gala qui sera donné à l’Opéra en l’honneur de l’empereur et de l’impératrice de Russie. Cette soirée évoquera pour plus d’un vieux Parisien le souvenir et la vision de la représentation à laquelle assista, le 5 juin 1867, le tsar Alexandre ii. M. Perrin, alors directeur de l’Opéra de la rue Le Peletier, s’était mis en frais. La décoration de la salle coûté vingt mille francs. On avait démoli les cloisons des huit loges de face qui, avec une partie de l’amphithéâtre, formèrent la loge impériale. Au centre de cette loge, somptueusement décorée avec le mobilier de la Couronne, trois trônes avaient été dressés, autour desquels, selon les prescriptions de l’étiquette, on avait disposé quinze fauteuils pour les princes et grands personnages qui, en ce moment-là, étaient les hôtes de la France. Le programme comportait le quatrième acte de l’Africaine, avec Mme Marie Sasse, le ténor Warot et Faure ; l’ouverture de Guillaume Tell, le deuxième acte de Giselle, ballet de Théophile Gauthier et d’Adam, avec Mmes Granzow, Laure Fonta, MM. Mérante, Coralli et Rémond. Quand leurs Majestés impériales entrèrent dans leur loge, l’orchestre de l’Opéra, dirigé par Georges Hainl, exécuta l’hymne russe, que tout le monde écouta debout. Alexandre ii prit place au centre de la loge, ayant à sa droite l’empereur Napoléon iii, la princesse royale de Prusse, le tsaretwich, la princesse Louise de Hesse, le grand-duc Wladimir, le duc de Leuchtenberg, le prince J. Murat, à sa gauche l’impératrice Eugénie, le prince royal de Prusse, le prince Louis de Hesse, la princesse Mathilde, le prince F. de Prusse, le prince L. Murat, le prince de Saxe-Weimar et le prince héritier du Japon. La représentation fut fort brillante ; Faure et Marie Sasse se surpassèrent. Un détail de mise en scène mérite d’être noté : pour le deuxième acte de Giselle, on avait, avec l’autorisation de M. Alphand, coupé les roseaux des lacs du bois de Boulogne, et, c’est du milieu de leurs touffes verdoyantes que s’élançaient les divinités des eaux. »

— Hier samedi, à l’Opéra, c’était la première soirée d’abonnement de cette saison en dehors des trois grands jours, lundi, mercredi et vendredi. On donnait Hamlet, qui a été admirablement accueilli.

— Jusqu’à présent, ce dont on parle le plus à propos du nouvel opéra de M. Bruneau, Messidor, c’est du ballet qui s’y trouve intercalé. Les génies aiment à se divertir, paraît-il, comme le commun des autres compositeurs. Qui dansera ce divertissement ? Sera-ce Mlle Mauri, ou Mlle Subra ? Les uns tiennent pour la première, les autres pour la seconde. Grave question.

— La reprise projetée des Huguenots à l’Opéra ne viendra qu’après Messidor. C’est dommage. Car nous avons comme une idée qu’on ne reverra pas sans plaisir ces bons vieux Huguenots, qui ont la vie plus dure qu’on ne saurait croire.

Mlle Louise Grandjean fera sa rentrée à l’Opéra dans les premiers jours d’octobre.

Mlle Bréval, qui est complètement rétablie et dont le congé est expiré, fera très prochainement sa rentrée par le rôle de Brunehilde, dans la Valkyrie.

— Il est probable que Mlle Amélie Lowentz ira cet hiver à Lisbonne chanter en italien le rôle d’Ophélie, d’Hamlet.

— C’était fatal. On annonce la Vie pour le Tsar à l’Opéra russe (?) de la rue Blanche. Distribution des principaux rôles : Soussanine, Devoyod ; Sabinine, Engel ; Antrida, Mlle Mauger.

— L’Académie des beaux-arts a fixé au samedi 31 octobre le jour de sa séance publique annuelle. C’est dans cette séance que M. le comte Henri Delaborde, secrétaire perpétuel de l’Académie, donnera lecture de sa notice historique sur la vie et les œuvres d’Ambroise Thomas.

— C’est aujourd’hui dimanche, 4 octobre, que dois avoir lieu à Roubaix l’inauguration de la statue de Gustave Nadaud, qui s’élève à l’entrée du parc de Barbieux. À cette occasion, on exécutera une cantate dont la musique a été écrite par M. Koszul, directeur du Conservatoire de Roubaix. La partie vocale de cette cantate est confiée au Choral Nadaud, que dirige M. Minssart ; l’orchestre sera composé du personnel de la Grande Harmonie et de celui de l’Association symphonique du Conservatoire. C’est M. Koszul qui dirigera en personne l’exécution de son œuvre.

— L’administration des concerts Colonne annonce sa réouverture au théâtre du Châtelet pour le dimanche 25 octobre, à 2 heures. S’adresser pour l’abonnement au siège de la société, 43, rue de Berlin, de 9 à 11 heures ou de 3 à 5 heures.

— Un de nos confrères du Nord, M. A. Gaudefroy, semble s’être donné la tâche, depuis quelques années, de réunir tous les éléments d’une sorte d’histoire générale de la musique à Lille, qui, on le sait, est l’un de nos centres artistiques les plus sérieux et les plus importants. À cet effet, il a publié toute une série de monographies vraiment intéressantes se rapportant à son sujet et qui, par leur ensemble et leur rapprochement, donnent une notion exacte de l’état de l’art dans la métropole de l’ancienne Flandre. C’est ainsi qu’il a donné successivement l’Académie de musique de Lille, les Concerts du Cercle du Nord à Lille, les Premières au théâtre de Lille, etc. Aujourd’hui, M. Gaudefroy publie sous ce titre : la Société ds Orphéonistes Lillois, un historique complet et très documenté de cette excellente société chorale, bien connue par toute la France et surtout sous son nom original