GALERIE
des femmes auteurs dramatiques[1].
N° 1. MADAME FAVART.
De leur amour naquit Favart, Qui semble tenir de son père
Tout ce qu’elle doit à sa mère.Les comédiens citent avec orgueil madame Favart parmi les artistes célèbres qui ont honoré le théâtre. Peu de femmes, en effet, ont obtenu des succès plus brillans et plus soutenus : chant, danse et pantomime ; vaudeville, parodie, comédie et opéra italien ; ingénues, jeunes premières, mères nobles, son talent embrassa tous les genres et tous les rôles, et l’on s’étonne en voyant la prodigieuse quantité et la variété de ses créations. Pendant vingt sept ans, elle mérita constamment les applaudissemens du public, elle excita ses transports au point de donner de l’humeur à Voltaire « qui en prenait assez volontiers, dit La Harpe, de tout succès qui n’était pas le sien. » Et quand il disait : « Peuple, qui vous passionnez tantôt pour une actrice de la comédie italienne, tantôt, etc., » c’était de madame Favart qu’il parlait. Plus tard cependant il lui écrivait :
« Vous ne sauriez croire, madame, combien je vous suis obligé. Ce que vous avez bien voulu m’envoyer est plein d’esprit et de grâces ; ma foi, il n’y a plus que l’opéra comique qui soutienne la réputation de la France. J’en suis faché pour la vieille Melpomène, mais la jeune Thalie de l’Hôtel de Bourgogne éclipse bien par ses agrémens la vieille majesté de la reine du théâtre…, etc. »
Aussi le patriarche de Ferney qui ambitionnait toutes les gloires voulut-il faire comme les autres son opéra comique. Il en fit deux, vraiment, dont il chargea un jeune musicien liégeois, alors inconnu. L’artiste les présenta
- ↑ Nous offrirons alternativement à nos lecteurs, dans cette galerie, le portrait des femmes auteurs mortes et des dames auteurs vivantes. À Mme Favart succéderont Mlle Loïsa Pujet, Mme de Graffigny, Mme Ancelot, Mme Duboccage, etc.
