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Page:Le Nismois, La Tunique de Nessus, 1900.djvu/54

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apte à la suivre partout et à se ranger comme satellite autour de sa royauté d’épouse légitime.

— Celle-là aussi en sera, se dit-elle et il y aura pour moi un régal particulier à me retrouver dans ses ivresses qui me renverront ma propre image. Quelles orgies, si Gabrielle comprend vite, et elle comprendra.

On ne dansait pas trop tard chez Sigismond Breffer. À deux heures du matin, Stanislas et Irène rentraient chez eux. Dans la voiture, Irène s’appuyant contre l’épaule de son mari, lui dit :

— Chéri, tu ne me baiseras pas cette nuit.

— Je ne te baiserai pas, et pourquoi ?

— Parce que tu en baiseras une autre et que cette autre je te l’ai préparée.

— Une autre ! Que me contes-tu là, Irène !

— Je te dis qu’il faut prévoir l’avenir, que je l’ai prévu et que, pour éviter la résurrection du passé enterré, passé que ressusciteraient nos chères folies actuelles, résurrection où la passion individuelle jouerait un autre rôle que la passion d’intérêt qui motiva ma vie de courtisane, j’élève un autre avenir dont tu seras le vrai roi, en te créant un sérail dont je jouirai avec toi. Mon doux époux, ce soir tu baiseras