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Page:Le Nismois - L’Armée de volupté, 1900.djvu/12

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mal le courrier. Lucette ne désertait pas sa pensée.

— Ah, Lucette, Lucette répétait-il pour la millième fois ! Que peut-elle bien avoir pour être si accueillante et si moqueuse, si ardente et puis si glaciale, si facile à comprendre les choses de cœur… et des sens, et si prompte à les rejeter ! Coquette, certes elle l’est à vous damner, mais bonne aussi, cela se voit, dans son œil, humide, quand on lui dépeint le feu qui vous consume !… Oui, mais elle vous laisse consumer. En vérité je suis malade toutes les fois que je me rencontre avec Lucette, je m’échauffe le tempérament comme un jeune daim, je me mets dans des états qui m’entraînent à courir le lendemain aux Folies-Bergère, au Moulin-Rouge ou ailleurs, moi, un homme posé, un homme sérieux, car, par les cornes du diable, depuis que je la connais, impossible de m’acoquiner à une fleur quelconque, dont j’userais le parfum en un temps plus ou moins long. Ah, Lucette, ce soir encore il faudra m’égarer vers le Jardin de Paris ! Est-ce raisonnable ?