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Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/176

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À ton ceinturon je vois une épée.
Pour gravir les rocs, n’as-tu point de bras ?

« Au lieu de pleurer ici mes misères,
Faible, désarmé, vaincu, je voudrais
Pour elle être mort, si j’avais des serres,
Si j’avais l’essor, je les rejoindrais.

— Ramier, doux ramier, répondit le page,
L’oiseau seul est brave & seul a raison.
Je suis en assez vaillant équipage
Pour forcer les murs de cette prison ! »

Il partit, gravit la roche escarpée,
D’un élan força le nid du vautour,
Dispersa la garde, & de son épée
Tua le seigneur au seuil de la tour.

Il ouvre un cachot, voit sa fiancée.
— Ne crains rien, dit-il, pauvre amour tremblant,
Viens !… » — Puis reportant en bas sa pensée
Vers le doux ramier, sous le tilleul blanc :

« Te voilà sauvée, oh ! viens, ma colombe,
Viens, & qu’à te voir il soit le premier… »

Sous le blanc tilleul quelque chose tombe :
C’était l’oiseau mort. — Ramier, doux ramier !