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Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/67

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LA ROSE

SYMBOLE


Jeune fille, jeune fleur.
(Chateaubriand.)


Au coin du boulevard de la Reine, à Versailles,
Sur un vieux mur terreux, hérissé de broussailles,
Qui clôt de sa tristesse un plus triste jardin,
Une rose fleurit, comme au parc d’Aladin.

Je passe devant elle, & sa fraîcheur me trouble.
Cette rose n’a pas de nom ; à peine double,
La greffe a négligé ses rameaux délicats,
Et nos horticulteurs en feraient peu de cas.

Je ne sais quoi trahit sa sauvage origine,
Un air, une senteur des bois, — & j’imagine
(Tant sa distinction naturelle vous plaît !)
Qu’elle seule, avec Dieu, s’est faite ce qu’elle est.

O fleur, dont la sultane ornerait sa fenêtre !
Quelle dérision du hasard te fit naître
Dans un berceau pareil ? Ou quel vent de malheur
A ton gazon natal vint t’arracher, ô fleur !