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Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/107

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A UNE CRÉOLE


Éclosion des jeunes âmes !
Bien d’autres rêves ont peuplé
Mon cœur, madame, et l’ont gonflé,
Depuis qu’enfants nous nous croisâmes.
Amour naïf vite envolé !
Meurt-elle en nous la rêverie
Qui berçait les cœurs enfantins ?
Non, je revois l’île fleurie,
Les varangues et les jardins.
Bien séparés sont nos destins !
Mais jeune fille reparue,
Comme un dimanche d’autrefois,
De la tonnelle je vous vois,
Au rang des grandes, dans la rue
Passer, le livre saint aux doigts.
O la couleur de votre écharpe
Que connaissaient si bien mes yeux !
O souvenir délicieux
Qui chante en moi comme une harpe
Toute petite dans les cieux !