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Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/139

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Des âmes en péril dont tu me fis l’espoir.
Je suis ton ouvrière : il me faut jusqu’au soir,
Maître mystérieux, travailler dans ta vigne,
Afin que je t’apporte une vendange insigne.

DAPHNÉ.

Tu vivras, douce mère, et sur tes cheveux blancs
Les jours s’écouleront pacifiques et lents.

KALLISTA.

Tu m’aimes, mon enfant, ta tendresse craintive,
Sans oser l’espérer, souhaite que je vive.
Dieu seul peut retarder l’heure du grand départ ;
Mais dans ma guérison je te garde une part.
Pour qu’à me laisser vivre ici-bas Dieu consente,
J’espère en la vertu de ta tête innocente.
Enfant, colombe intacte, agneau prédestiné,
Fruit de dilection que le Ciel m’a donné,
Jeune plante qui croîs sous mon amour austère,
Non pas avec l’espoir de fleurir sur la terre,
Mais afin de répandre au Ciel ta bonne odeur
Et de plaire au Dieu vierge à qui plaît la pudeur,
Ton âme qu’exalta l’espérance féconde
Ne saurait plus se prendre aux choses de ce monde,
Et tes lèvres que brûle un immortel désir
N’ont soif que de la source impossible à tarir.
Prenant la vie ainsi qu’une nuit sous la tente,
Tu veilles en joignant les deux mains dans l’attente !
Enfant, bien que peut-être un terrestre dessein
Ait jadis un moment troublé ton jeune sein,