Aller au contenu

Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

II


Que je voudrais mourir ! mais de mort éphémère,
Mourir pour tous le soir et revivre au matin ;
Je le voudrais, non pas pour que le lendemain
Les désillusions rouvrissent ma paupière ;

Ni pour sentir les doigts qui coudront mon suaire,
Les mains qui m’étendront dans mon lit de sapin ;
Ni pour suivre en secret le funèbre chemin
Que prendra mon convoi jusqu’au grand cimetière.

Mais ce que je voudrais, ce serait seulement
Lui parler à lui seul… tout bas… pour un moment…
Savoir s’il est heureux de l’absence éternelle,

Lui murmurer : — « C’est toi qui m’as conduite ici. » —
Et s’il soupire alors, je lui dirai : « merci ! »
En bénissant la mort qui me le rend fidèle.