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Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/305

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La mousse, les tapis d’herbe fine, les eaux
Dormantes, la verdure épaisse et sans oiseaux.
Quand dans le ciel profond l’étoile verte et rouge
Resplendit, que dans l’air parfumé rien ne bouge,
Quand les hêtres sur moi ferment leurs bras moussus
Et que sous les halliers vaguement aperçus,
La campanule bleue, et les longues orties
Renversent à demi leurs fleurs appesanties ;
Alors seul, inquiet, je m’arrête : une voix
Chuchotante me dit tous les secrets des bois ;
Des vers harmonieux chantent dans les ramures ;
Des taillis frissonnants, des buissons noirs de mûres
Sort un hymne profond, plaintif comme un adieu :
C’est la forêt qui chante et se raconte à Dieu.




SONNET


Ce matin, triste et seul, quand j’ai rouvert mon livre,
Il était plein de fleurs et de plumes d’oiseaux,
Rappelez-vous nos jeux parmi les grands roseaux
Et le temps où deux mots de vous me faisait vivre.

Près de l’étang fleuri vous me laissiez vous suivre ;
Nous prenions pour signets les feuilles des bouleaux
Et nous allions pêcher dans le fond des îlots
Ou causser dans les foins dont la senteur enivre.