Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/413

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Déjà, vers le zénith assombri, la Grande Ourse
Fait rouler lentement son char mystérieux.
Cassiope égrenant son collier radieux,
La Chèvre et le Bouvier, les Pléiades fleuries
Disposent à l’entour leurs calmes théories.
Tout flamboie ; on dirait que le ciel s’est ouvert,
Et jusqu’aux horizons où le regard se perd
Le Chemin de Saint-Jacque aux blanches avenues
Plonge dans l’infini ses routes inconnues…

Étoiles, fleurs d’argent des jardins de la nuit,
Vous qui vous entr’ouvrez au ciel crépusculaire
Comme pour rassurer les hôtes de la terre
Sur la fuite du jour, des couleurs et du bruit,

Étoiles, je vous aime ! et pendant la veillée
Mon regard vous épie au fond du firmament,
Et mon âme vers vous monte amoureusement,
Plus éprise toujours et plus émerveillée.

Votre charme pour moi n’est pas le rhythme d’or
Qui règle de vos chœurs la marche solennelle,
Ni l’espoir vague et doux d’une course éternelle
Parmi vos tourbillons inexplorés encor.

Non, ce que j’aime en vous, étoiles coutumières,
C’est mon passé qui luit alors que vous brillez,
Ce sont mes souvenirs d’autrefois réveillés
Par le constant retour de vos chastes lumières.