Aller au contenu

Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/444

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

JEAN AICARD[1]

LES GLANEUSES
DE LA CAMARGUE


Voyez dans l’île au loin ces blés jaunes, mouvants
Comme un lac d’or fondu sous la chaleur des vents ;
Chaque onde en est d’une autre avec lenteur suivie
Et la lourde moisson chante un hymne à la vie.
Ce spectacle est divin ! — Mais crois-moi cependant,
Suis la pente du Rhône, ô passager prudent,
Descends vers la mer bleue aux brises salutaires
Et fuis l’air vénéneux exhalé par ces terres.
Car c’est là la Camargue où, dans cette saison,
Du sol corrompu monte un plus subtil poison
Qui respiré se mêle au sang, bleuit la lèvre,
Et fait qu’un jeune corps est miné par la fièvre.

Sur ces rives, où tout semble sourire aux yeux,
L’horizon, au delà des blés, verdit joyeux.

  1. Les vers de M. Jean Aicard, qui nous sont parvenus trop tard, n’ont pu être classés à leur ordre alphabétique.