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Page:Le Parnasse libertin ou Recueil de poésies libres, BnF Enfer-729, 1769.djvu/39

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Auſſi-tôt dit, notre belle niaiſe,
Suit le Galant, & tout cela ſi bien,
Que de leur fuite on ne ſoupçonna rien.
Voilà Damon qui prend en main l’aiguille,
Vous fait un point, puis un autre ; la fille
De prendre goût & de dire : Ah ! vraiment,
Je couds fort mal, à ce que dit Maman,
Elle me gronde : Oh ! bien qu’elle m’achete
Pareille aiguille, elle verra beau jeu,
Les vend-on cher ?… Couſez encore un peu.
On coud un point, puis Damon fait retraite :
Belle, dit-il, c’eſt aſſez bien couſu
Pour cette fois, & votre pucelage
N’a déſormais à craindre aucun dommage ;
Venez danſer : la friponne eût voulu
Ne point ſi-tôt abandonner l’ouvrage ;
Elle alleguoit bien des ſi, bien des mais,
Rien que trois points, il ne tiendra jamais,
Oncque ne fut robe trop bien couſue,
Mais le galant s’éloignant à ſa vue,
Elle rentra dans le bal à l’inſtant.
Quelqu’un la prend pour danſer ; elle danſe.
On admira ſa noble contenance,
Son air, ſes traits, ſon teint vif & brillant,
Le tout étoit l’ouvrage d’un moment.
Un ſeul moment d’Iſabeau l’imbécille,
Avoit ſçu faire Iſabeau la gentille.