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Page:Le Parnasse libertin ou Recueil de poésies libres, BnF Enfer-729, 1769.djvu/65

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ÉPIGRAMME.


Un Cordelier prêchoit ſur l’adultere,
Et s’échauffoit, le Moine en ſon harnois,
À démontrer par maint bon Commentaire
Que ce péché bleſſe toutes les Loix.
Oui, mes enfans, dit-il, hauſſant la voix,
J’aimerois mieux pour le bien de mon ame,
Avoir à faire à dix filles par mois,
Que d’exploiter en dix ans une femme.

Rouſſeau.

JOUISSANCE.


Amour qu’injuſtement j’ai blâmé ton empire !
Des maux que j’ai ſoufferts, ai-je dû m’offenſer,
Quand tu viens de récompenſer
D’un moment de plaiſir un ſiécle de martyre ?
J’ai fléchi mon Iris après de longs ſoupirs ;
Ce cher objet de mes deſirs,
Cette inſenſible Iris, cette Iris ſi farouche,
Dans mille ardens baiſers vient de plonger mes feux,
Pour goûter à longs traits ce nectar amoureux,
Mon ame toute entiere a volé ſur ma bouche.
J’ai ſavouré la fraîcheur
De ſes levres demi-cloſes.

ls[illisible]