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Page:Le Parnasse libertin ou Recueil de poésies libres, BnF Enfer-729, 1769.djvu/72

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N’y ſongeons plus ; alors du ſevére Deſtin
Elle lui déclara l’Oracle trop certain.

Dieux ! s’écria Tithon, quelle loi rigoureuſe ?
Quoi ! vainement je me verrois aimé
De l’objet le plus beau que l’amour ait formé ?
Non, je conſens plutôt qu’une vieilleſſe affreuſe…
Tithon, que dites-vous ? vous me faites trembler,
Quoi ? d’un ſi triſte hyver la langueur douloureuſe
Affoibliroit cette flâme amoureuſe,
Dont votre cœur recommence à brûler ?
Quand les ſombres chagrins viendroient vous accâbler,
Je pourrois m’imputer… non j’y fuis réſolue,
L’amour vous laiſſe encor ſes plus ſenſibles biens,
Nous paſſerons les jours dans ces doux entretiens,
Où l’ame avec tranſport ſe montre toute nuë ;
Nous aurons ces ſoupirs, ces aveux, ces ſermens,
Tant de fois répétés & toujours plus charmans,
Aſſez heureux de plaire, exempts d’inquiétude
Nous nous verrons toujours, nous ne ferons qu’aimer.

Ah ! quel bien vaut la certitude,
D’inſpirer tout l’amour dont on ſe ſent charmer ?
Ainſi, mais vainement, parla la jeune Aurore,
Le dangereux amour, avec malignité,
Aux yeux de ſon amant la rend plus belle encore ;

Et