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Page:Le Parnassiculet contemporain, 1872.djvu/22

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Saint-Germain, sur les trottoirs mouillés qui étincellent aux lueurs du gaz, Si-Tien-Li, poëte chinois et mandarin de première classe ?

Il pense sans doute que là-bas, près du fleuve Jaune, les nuits d’octobre sont plus belles qu’à Paris ; il essuie mélancoliquement ses deux longues moustaches fines que continuent jusqu’au sol deux minces fils d’eau glacée, clairs comme des baguettes de verre, et de temps en temps, entre les toits pointus et les faisceaux noirs des cheminées, son regard triste cherche la lune.

Voilà qui est singulier : un mandarin se promenant ainsi, en dalmatique orange brodée d’astres et d’animaux, à quelques pas de l’Odéon, que dirige M. de Chilly ! De le voir passer, les sergents de ville se consultent, et les petites filles qui vont seules le soir retournent la tête en riant. Mais Si-Tien-Li n’en continue pas moins sa route devers l’hôtel du Dragon-Bleu, où les poëtes Parnassiens tiennent leurs assises.


II


Si-Tien-Li pousse une porte


«  Ces poëtes de France sont bien mal logés ! dit le mandarin en s’arrêtant. On imaginerait, à lire leurs vers, qu’ils passent la vie dans des palais de porcelaine, pleins de fleurs, de femmes et d’oiseaux rares, parmi de vastes jardins d’été, où l’eau chante éternellement au fond des