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Page:Le Parnassiculet contemporain, 1872.djvu/24

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qu’il faut lire au clair de lune quand les pêchers sont en fleurs. — Or Si-Tien-Li a entendu dire qu’il se trouve dans Paris un séminaire de jeunes lettrés fort épris des vers à la chinoise, et c’est pour les saluer qu’il est venu de Pékin à Paris, qu’il a sali dans la boue les glands et la queue de sa belle dalmatique et qu’il pousse du doigt une porte dans l’hôtel du Dragon-Bleu.


IV


Ce qu’il y a derrière la porte.


En voyant ce qu’il y a derrière la porte, Si-Tien-Li croit être en Chine, et cela lui réjouit le cœur. Si-Tien-Li croit être en Chine, au milieu de cette savante académie de Hong-Kong où les mandarins lettrés écoutent des vers en brûlant de l’opium dans leurs petites pipes de cuivre. Imaginez une chambre d’hôtel garni non point absolument nue comme elles sont à l’ordinaire, mais égayée pour la circonstance de quelques assiettes sur les murs. Trois lanternes en papier découpé pendent au plafond, éclairant à demi la chambre de leurs doux reflets multicolores ; une belle carafe de cristal pleine d’eau limpide, et curieusement disposée de façon à recevoir le reflet des lanternes, fait étinceler ses mille facettes comme des grappes de diamants roses et bleus, et, dans un coin, sur un vieux piano, fume une cassolette orientale.

Tous les Parnassiens sont là, assis par terre, le long