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Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/125

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Parmi les races primitives, les sauvages forment les populations les plus simples, celles où la pratique et la violation de la Constitution essentielle se montrent avec évidence, sans être masquées par aucune complication. Pour eux, la nature du climat, du sol et des productions spontanées est la cause prépondérante de la prospérité ou de la souffrance. On peut même dire que celle cause agit presque seule dans les localités où les sauvages n’ont point à subir les entreprises coupables des « civilisés ».

Les sauvages les plus prospères habitent la région boréale. Ils s’étendent, du nord au midi, depuis les terres glacées où l’homme peut pénétrer pendant l’été, où la vie végétale apparaît à peine, jusqu’aux massifs boisés, à clairières herbues, qui forment la lisière septentrionale des grandes forêts de la Sibérie et de l’Amérique du Nord. Les meilleurs modèles de prospérité peuvent être observés, sur ce dernier continent, parmi les familles éparses, près des rivages maritimes, des lacs et des grands fleuves aux eaux poissonneuses, au milieu des forêts d’arbrisseaux feuillus et d’arbres résineux, où les agriculteurs sédentaires du Canada et des États-Unis n’ont pu s’établir. La nature des lieux se prête également à la vie matérielle et à la vie morale. Les animaux marins, les poissons émigrants, les oiseaux voyageurs, les grands herbivores et les fruits-baies