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Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/135

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yeux, si mécontents de leur sort. Toutefois il ne faut point revenir à certaines opinions du siècle dernier, et présenter ces traits de la vie primitive comme une condition idéale dont les modernes devraient se rapprocher. À ce sujet, deux faits évidents me dispensent de procéder à la réfutation méthodique de l’erreur et de l’utopie. En premier lieu, les sauvages, lors même qu’ils en auraient le désir, ne sauraient, comme les races du deuxième âge, modifier utilement leur territoire ; et, s’ils défrichaient leurs forêts, ils condamneraient le sol à la stérilité. En second lieu, les pasteurs modèles que j’ai signalés ci-dessus ne peuvent toujours rester dans l’état de bonheur qui leur est parfois acquis ; ils s’agglomèrent sous ce régime et se laissent alors envahir par les causes de souffrance que j’ai indiquées. Si ces modèles s’offrent encore, de loin en loin, au voyageur, c’est que les désordres atmosphériques, les épidémies, les épizooties viennent périodiquement faire le vide sur les steppes encombrées, et rendre de nouveaux champs à l’indépendance des familles, à l’abondance et à la paix.

La force des choses limite donc à des localités exceptionnelles le genre de supériorité qui caractérise les races de l’âge des herbes. D’un autre côté, la nature de leur esprit les place, sous beaucoup de rapports, dans un état d’infériorité devant les races formées sous les deux