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Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/160

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des camps. Sous la salutaire influence du foyer domestique et de la vie rurale, les bonnes mœurs étaient restaurées et assuraient la pratique de la loi morale. Le contact journalier des propriétaires et des tenanciers réparait les désastres de la guerre, créait la prospérité de l’agriculture, procurait d’amples moyens de recrutement aux autres arts usuels et fournissait avec abondance à toutes les familles le pain quotidien. Malgré la corruption que continuait, à développer chez les clercs le progrès des richesses, l’unité de croyance maintenait la paix entre les familles régénérées de la classe dirigeante. Grâce à la sagesse de trois princes, la monarchie avait apaisé les anciennes discordes féodales. Soutenue et contrôlée, comme au temps de saint Louis, par un conseil privé, dont les membres étaient hautement désignés au choix du souverain par leurs vertus et leurs services, elle complétait l’œuvre de la paix au dedans et au dehors. Parfois même, notamment après la victoire de Saint-Aubin-du-Cormier (1488), les monarques, bien conseillés, conjurèrent les difficultés inhérentes au service féodal, en donnant de beaux exemples de clémence et de modération.

Cependant, l’esprit guerrier de la Gaule et de la Germanie se perpétuait chez les Français de ce temps ; et, sous son influence, le mal sortit du bien que je viens de signaler. Selon le récit