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Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/171

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unie à toutes les classes, et se concerte avec elles pour garder les vieilles traditions du gouvernement local. Recruté dans les familles dirigeantes, le clergé est animé de ce même esprit : il voit dans les libertés provinciales le plus sur moyen de perpétuer la soumission à Dieu et la pratique de la religion. Enfin, cette union intime de la race repose sur l’admirable organisation qui règne dans la famille à tous les degrés de la hiérarchie sociale. En raison de ses bienfaits, cette organisation reste encore en vigueur dans les montagnes de la Catalogne et de l’Aragon, qui, plus que celles du pays basque, ont subi la pression exercée par les agents de la souveraineté.

La famille basque a pour fondement une « coutume d’aînesse ». Celle-ci ne confère point à l’héritier le droit de posséder le domaine patrimonial : elle subordonne ce droit au choix des parents. Elle porte l’aîné (garçon ou fille) à se rendre digne de ce choix en pratiquant, avant son mariage, les lourds devoirs que la tradition impose à tout chef de maison, dans l’intérêt des rejetons de la famille et des services publics de la localité. La dignité attachée à l’héritage est acquise à celui des enfants qui est lié, par le mariage, au foyer paternel.

La coutume familiale des Basques offre un trait caractéristique. Depuis un temps immémorial, l’opinion voit un signe de la faveur divine dans