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Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/278

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crivain qui entreprendrait de signaler la part prise par chaque race à l’œuvre actuelle d’inertie et de corruption soulèverait des débats sans fin ; il aggraverait, au lieu de les amoindrir, les difficultés de la réforme. En pareille matière, chaque nation, après avoir fait son examen de conscience, doit dire elle-même son meâ culpâ. C’est ainsi que, dans le chapitre V, j’ai indiqué en termes généraux les causes principales de la souffrance chez les Européens modernes, tandis que j’ai insisté sur la part de responsabilité qui retombe spécialement sur nos ancêtres et sur nous-mêmes. Je présente ici le résumé de ces détails au lecteur qui n’a pas le loisir de s’y reporter.

L’heureuse conclusion de la guerre de Cent ans (1453) fut pour la France le commencement d’une ère de réforme. La noblesse, fatiguée de la vie des camps, revint alors à ses résidences rurales, et continua, dans la paix et la vertu, les traditions de patronage qui, sous le régime du moyen âge, se perpétuaient malgré les discordes civiles. Malheureusement, les germes de corruption semés par les guerres d’Italie[1] se dé-

  1. Ce contraste de vertu et de corruption est clairement indiqué dans le passage suivant de Commines : « Le peuple (italien) nous advoüait comme saincts, estimans en nous toute foy et bonté. Mais ce propos ne leur dura guères, tant par notre désordre et pillerie, et qu’aussi les ennemis preschoient le peuple en tous quartiers, nous chargeans de prendre femmes à force, et l’argent, et autres biens où nous les pouvions trouver. » (Philippe