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Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/60

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chez ceux qui, dans leurs incessantes migrations, sont contraints d’abandonner les faibles et les infirmes. Privées de la sagesse et de l’autorité des vieillards, dominées par la prépondérance malsaine de la jeunesse, les populations tombent dans un état habituel de dégradation et de souffrance.

Chez les civilisés, comme chez les sauvages, la famille instable se reconnaît à quelques caractères communs. Elle se constitue par l’union de deux adultes émancipés, s’accroît par la naissance des enfants, s’amoindrit par les départs successifs de la nouvelle génération et se dissout enfin, sans laisser aucune trace, par la mort précoce des parents abandonnés.

Malgré leur identité, ces phénomènes soulèvent un plus vif sentiment de répugnance, quand on les observe chez les populations instables et désorganisées, après avoir visité les admirables familles-souches des régions contiguës. Au lieu d’arbres séculaires, enracinés dans un sol fertile, donnant de vigoureux rejetons, répandant autour d’eux une ombre protectrice, on n’a plus devant soi que de maigres arbrisseaux qui ne dissimulent pas la tristesse d’un territoire desséché.