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Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/139

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ma curiosité. J’avais la face durcie et méchante sans doute.

Elle me regarda, soutenant froidement mes pupilles fixes et j’eus le sentiment d’un abîme entre nous que rien jamais ne saurait combler.

Pourtant, je ne voulais que l’aimer. Mieux, ce que je sentais de si profondément mystérieux et rebelle en son âme cuirassée m’apparaissait un attrait de plus en cette forme charnelle si virile. Je n’en souffrais pas comme font tant d’amants. Qu’importe, après tout, que les amants ne se comprennent et ne se confient jamais. Même quand ils croient le faire, les mots n’ont jamais un sens semblable dans leurs deux esprits. Je l’avais déjà bien souvent remarqué. C’est chimère que cette fusion des cerveaux dont on voudrait instinctivement compléter la fusion des corps. On doit trouver toute sa joie à aimer, et n’attendre de réciprocité que selon les apparences…

Ma pensée flottait sur ces questions de l’amour si souvent traitées dans les livres