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Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/170

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voulu que cela lui vint spontanément. Comme elle gardait le silence, je le provoquai. Combien il est difficile, je le remarquai, alors, d’interpréter un silence !… Nul refroidissement ne s’en suivit, mais je lui gardai une sorte de rancune de ne pas comprendre que ma vie pouvait dépendre d’un avis et d’un conseil intelligents, d’un avertissement qui levât un peu ce rideau de mystère derrière lequel se dérobaient les agissements de cette May, de ce Viennois et de leurs complices. Rubbia semblait partout et toujours se trouver en sûreté. Pourtant, le coup de stylet de May prouvait qu’elle ne fut pas plus que moi à l’abri du danger. D’où venait sa sérénité ?

Je ne le sus jamais. Sans nul doute, je touchais là au secret profond de l’âme féminine. Cette indifférence aux contingences, cette sorte de certitude de se trouver hors les atteintes du malheur voisin, sont le fruit d’une éducation millénaire, qui a détruit dans la femme le sens de la responsabilité sous lequel je pliais à Paris pendant la tra-